Bonjour Maman

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C’est à ma mère que je devrais dire plus souvent bonjour, mais je ne le fais pas.Pourquoi ?

Le marathon n’est pas un confessionnal , un lieu d’ examen de conscience mais on ne choisit pas ses pensées, les bonnes comme les mauvaises et libre à moi, après tout , de livrer on non, ici, et maintenant le fin fond de mon âme.

Je ne lui dis bonjour que le mardi, le jour où je vais la voir. Ce n’est pas beaucoup. Ne serais-je pas un peu avare en amour à donner ?
Certainement, sans aucun doute . Je ne donne jamais assez à ceux à qui je pourrais donner beaucoup plus.

C’est que j’ai envie aussi de me donner de l’amour à moi !!!

Ma mère a bientôt 94 ans, elle devient de plus en plus vieille . Sa vieillesse ne me donne pas envie de vieillir . Cela me fait peur.
Chaque fois que je vais la voir, il me faut faire un effort. Maintenant c’est à moi d’être maternelle avec elle.
Elle a besoin d’aide pour presque tout, pour s’habiller, pour se laver, pour couper sa viande, pour se rappeler, pour ne pas oublier.

Elle oublie qu’elle m’a appris à manger proprement sans faire du bruit et des tâches. Elle ne fait plus comme elle m’a appris. Et moi je ne vais pas lui réapprendre . Elle fait ce qu’elle peut.
Elle oublie parfois que je viens, que je ne viens pas. Je lui dis que ce n’est pas grave.
Quand je suis là, elle me pose toujours les mêmes questions, elle regarde avec beaucoup d’attention mes habits, ma coiffure, mes cheveux qu’elle admire depuis que je suis toute petite parce qu’ils bouclent naturellement. Mais moi je les aimerais plus lisses.

Hier nous avons parlé des savants de la famille : il y en a 2 très grands ( sans compter mon fils !!!). Il y en a même un dont le nom est cité dans le dernier livre de Jean d’Ormesson. Je le lui dis hier. J’ai du le lui répéter plusieurs fois. Nous faisions les fiers toutes les deux.
J
ean d’Ormesson c’est quand même un académicien français !!! Et ton arrière cousin :un très grand savant, Maman. Quant à ton petit fils… c’est mon préféré des savants de la famille.
Il faut être courageux, très courageux pour garder sa fierté quand on est vieux .
J’admire ton goût , ton don pour garder ta fierté , Maman.

Ensuite tu as évoqué sans transition, ton frère aîné mal aimé, mal apprécié parce que seulement très grand sportif (olympique ? à vérifier)… de courses à pied et jamais félicité par la famille.

Tu ne m’as jamais parlé de ton père si ce n’est pour me dire qu’il ne t’avait jamais embrassée.
Moi je t’embrasse. Bonne journée Maman.

deneme1