Condamnée à la pendaison au Pakistan, Asia Bibi attend en prison son jugement en appel. Elle cosigne « Blasphème » (Oh ! Editions), un livre choc sur son effroyable histoire. Son crime? Avoir bu l’eau tirée d’un puits. La sentence? La mort. Depuis deux ans, la chrétienne pakistanaise Asia Bibi ressasse les faits en prison. Le 14 juin 2009, cette villageoise illettrée, mère de cinq enfants, est accusée par des voisines musulmanes d’avoir souillé l’eau d’un puits en s’y abreuvant et est enjointe de se convertir sur-le-champ, ce qu’elle refuse. Elle est jetée en prison pour blasphème. La loi qui l’interdit a été promulguée en 1986 par le dictateur Zia ul-Haq. Depuis, chrétiens, hindous et surtout musulmans en pâtissent tous les jours : une simple dénonciation, et c’est la peine de mort. Le 8 novembre 2010, Asia Bibi est condamnée à la pendaison. Elle est la seule femme dans ce cas.
Mobiliser l’opinion internationale
Pour l’avoir défendue, et tenté de réformer la loi, Salman Taseer, gouverneur du Pendjab, et Shahbaz Bhatti, le ministre chrétien des Minorités religieuses, ont été assassinés. Depuis janvier, elle est isolée dans une cellule minuscule, sans fenêtre, où elle tient à peine debout et où elle doit se nourrir, se laver et déféquer à même le sol. Elle ne peut parler qu’à son avocat ou à son mari, tous les mardis. « C’est par leur intermédiaire que ce livre a pu se faire, explique la journaliste Anne-Isabelle Tollet, coauteure de l’ouvrage. Je leur ai donné une liste de questions. Le livre terminé, l’avocat le lui a traduit. » L’ouvrage va sortir dans cinq pays européens. Le but ? Mobiliser l’opinion internationale afin de faire pression sur Islamabad pour avancer la date du procès en appel. Menacés, son mari Ashiq et ses cinq enfants se sont réfugiés à Lahore, dans un endroit tenu secret. « Nous ne sortons jamais de la maison, explique son mari au téléphone. Les enfants ne vont plus à l’école. Et, moi, je ne travaille plus. » Asia? « Elle a un meilleur moral, grâce au livre. Elle sait que des gens s’occupent d’elle. Et elle prie beaucoup. » Dans le meilleur des cas, sa sentence sera commuée en une très longue peine de prison. Si jamais elle était libérée, elle et sa famille devraient fuir sans délai : sa tête est mise à prix pour 5 000 euros. Une fortune au Pakistan.
Légende : Asia Bibi entourée par des membres de sa famille.
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